La conscience

 L'un des plus gros problème de la philosophie et de la religion se résume en un seul mot : la conscience. Et oui, si vous ne le saviez pas déjà j'ai le regret de vous dire que vous êtes conscient, et pour ceux qui ne le sont pas, sachez qu'il n'y a personne en face de vous dans votre salle de bains quand vous vous maquillez ou vous vous rasez.

 L'homo sapiens est conscient! Bon, il y a des jours où on se demande quelle est la vrai définition de ce mot. Enfin bref... Depuis, l'étude du monde animal fait soupçonner la conscience chez certaines espèces. Voilà déjà un point qui ne va pas plaire à certains philosophes ecclésiastiques.

 À part donc ces quelques rares élus, le reste du monde vivant est parfaitement inconscient comme la nature qui dans un moment de crise et par souci maniaco-obsessionnel de la perfection a eu la bonne idée d'affubler certains animaux de cette conscience. Dont nous! Car j'ai le regret de vous dire que nous sommes des animaux bipèdes placentaires thériens de la classe des mammifères, famille des hominidés, ordre des primates et pour couronner  le tout : conscient! Merci du cadeau! Mais pourquoi ?

 En fait la nature n'a pas trop fait d'étude, elle n'a donc absolument aucune notion de conduite de projet, et quand elle a lancé l'idée "terre", Herbert Von Braun n'avait pas encore conçu sa fameuse méthode en V. Donc la nature choisit la méthode en D comme le système du même nom. elle commença tranquillement en énonçant une règle fondamentale : un organisme vivant doit se multiplier. On voit donc que le doute n'est pas permis pour les lapins, ils sont bien vivants. Par contre, pour que la multiplication soit possible, il faut que l'organisme survive jusque là. Et c'est là que commencent les emmerdes. La nature, travaille nuit et jour, sans relâche. Elle construit des organismes de plus en plus compliqués pour être sûre de protéger ces deux critères. Et que je te rajoute un étai de maçon là, et une vis à bois là. Ça, on va le coller à la néoprenne. Et l'édifice grossi. Arrivent les dinosaures en 4800 avant JC d'après les organisateurs, en 230 millions d'après les hérétiques. C'est un vrai bordel, y'en a qui bouffent les autres,  y'en a qui poussent sur les cadavres des autres. Enfin, l'anarchie totale. Et puis boum. En 4799 avant JC (toujours d'après les organisateurs, en 65 millions toujours d'après les hérétiques) une grosse météorite balaye ce merdier.

 Au lieu de tout foutre en l'air, la nature tente de sauver les restes (qui deviendront "nous", entre autres). Et c'est reparti comme en 14.

 La composante la plus maladroite dans tout ce bricolage fût bien la pensée. Et oui, un jour la nature se dit qu'elle va foutre une pensée dans certains individus pour qu'ils arrêtent de se cogner comme des idiots dans les rochers sous-marins, ou plus tard dans les fougères géantes du carbonifère.

 A force de bidouiller les prototypes afin de les rendre plus solide, il arriva ce qu'il devait arriver! Un soir du Cénozoïque, dame nature voulu renforcer la pensée pour que les animaux arrêtent de se barrer en courant pour finir dans un platane, à chaque fois qu'ils se reflétaient dans une flaque d'eau. Le mandrin de la visseuse ripât et ce fût l'accident. Bon rien de grave, juste une éraflure. Mais voilà, à l'endroit de l'éraflure, les cellules de la pensée commencèrent à se développer anarchiquement, tout en suivant la règle qui était de protéger les deux règles fondamentales. Puis en suivant la règle qui protégeait la règle qui protégeait les deux règles. Puis en suivant la règle qui protégeait la règle qui protégeait la règle qui protégeait les deux règles. etc.. etc..

 C'était le foutoir. Toutes les 5 mn, la nature sortait anxieuse sur le balcon de son deux pièces meublés rue de Quincampoix afin de scruter le ciel dans l'espoir de voir arriver une météorite salvatrice. Que dalle !

 La tumeur s'était pendant ce temps transformée en un véritable éléphantisme de la pensée. : maladie incurable nommée ultérieurement : conscience.

"la conscience est un éléphantisme de la pensée" Thierry Roussel/Roby 1994

 

 
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